La France convoque des dirigeants africains et menace le retrait des troupes


DAKAR, Sénégal – La France a convoqué lundi cinq présidents africains à une réunion pour désavouer la montée de l'hostilité anti-française dans leur pays, trouver des moyens d'arrêter la progression rapide des extrémistes islamistes armés dans leur région et déterminer si la France restera profondément engagée dans ce combat.

La France pourrait retirer ses 4 500 soldats, a déclaré le président Emmanuel Macron, si les dirigeants du Mali, du Niger, du Burkina Faso, du Tchad et de la Mauritanie ne répondent pas aux questions à sa satisfaction. Cet avertissement est venu alors que les États-Unis envisagent également de retirer des troupes de la région.

De nombreux analystes disent que les Français et les Américains font des menaces vides lorsqu'ils parlent de quitter le Sahel, une zone semi-aride s'étendant sur plus de 2000 miles à travers l'Afrique de l'Ouest et du Centre qui est en proie à des groupes violents faiblement affiliés à l'État islamique et à Al-Qaïda. Mais leurs avertissements illustrent la frustration des nations alliées face aux gains extrémistes et entre eux.

La France, l'ancien dirigeant colonial des cinq pays, est initialement intervenue en 2013 pour évincer les rebelles et les militants islamistes qui avaient pris le contrôle du nord du Mali à la suite de la descente de la Libye dans le chaos. Les militants se sont regroupés, et maintenant la violence liée aux extrémistes augmente rapidement, doublant chaque année depuis 2015.

Sans Barkhane, les pays s'effondreraient sur eux-mêmes, provoquant un terrorisme incontrôlé et une énorme migration vers l'Europe, a déclaré le général François Lecointre, chef des forces armées françaises, à CNEWS, une chaîne de télévision, en juillet.

Mais certains experts disent que ces menaces sont très exagérées et que le retrait pourrait forcer l’élite de la région à trouver des solutions politiques et sociales à une crise empêtrée dans des différends sur l’accès à la terre et aux ressources.

"Ce sont eux qui ont les solutions, pas les Français", explique Marc-Antoine Pérouse de Montclos, politologue français spécialiste de l'Afrique.

La contraction des dirigeants africains avec M. Macron n'est pas seulement une question de fierté et de posture, mais de maintien du pouvoir. Ils calibreront soigneusement ce qu'ils disent publiquement et ce qu'ils disent aux Français en privé.

En effet, les critiques disent que la France aide à consolider les gouvernements qui ne font pas confiance à leurs propres armées, soit en doutant de leur capacité à combattre les extrémistes, soit en s'inquiétant de la possibilité de coups d'État militaires. Pourtant, les présidents doivent également satisfaire les électeurs mécontents de la présence de l'ancienne puissance coloniale.

Le président du Burkina Faso, Roch Marc Kaboré, a riposté à la «convocation» de M. Macron à Pau, où l'agenda officiel comprend la recherche d'un plus grand soutien international pour les pays du Sahel et la réévaluation du rôle de la France dans ce pays. Appelant au respect mutuel, M. Kaboré, qui prévoit de se présenter aux élections en novembre, a déclaré dans un discours télévisé le mois dernier que le «ton et les termes» utilisés posaient des problèmes.



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