Le plus haut général soudanais organise un coup d’État militaire, frustrant les efforts occidentaux


NAIROBI, Kenya – Le chef de l’armée soudanaise s’est nommé jeudi à la tête d’un nouvel organe au pouvoir, consacrant un récent coup d’État militaire et portant un coup dur aux efforts menés par l’Occident pour ramener le Soudan sur la voie de la démocratie.

L’annonce soudaine du lieutenant-général Abdel Fattah al-Burhan a anéanti les espoirs d’une fin rapide de une crise qui s’est abattue sur le Soudan depuis le 25 octobre, date à laquelle ses soldats ont arrêté le Premier ministre, imposé l’état d’urgence et coupé Internet.

Depuis lors, des manifestants anti-coup d’État ont inondé les rues des grandes villes soudanaises et se sont livrés à la désobéissance civile alors que les responsables américains menaient une ruée diplomatique dans la capitale, Khartoum, qui cherchait à persuader le général al-Burhan de faire marche arrière.

Mais jeudi soir, l’armée a semblé resserrer son emprise sur le pouvoir, avec l’annonce dans les médias d’État d’un nouveau conseil de gouvernement dirigé par le général al-Burhan qui avait promis d’orienter le Soudan vers ses premières élections libres. Peu de membres de la communauté internationale semblaient croire à cette promesse.

L’annonce de l’armée a coïncidé avec une réunion à huis clos du Conseil de sécurité des Nations Unies pour discuter de la crise.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré que les développements au Soudan étaient « très préoccupants » et a appelé à « un retour à la transition le plus rapidement possible », a déclaré son porte-parole, Stéphane Dujarric, à la presse à New York.

M. Dujarric a réitéré ses appels à la libération du Premier ministre déchu, Abdalla Hamdok, qui est toujours assigné à résidence, et d’autres dirigeants politiques détenus.

Dans un déclaration sur Facebook, le ministre soudanais de la Culture et de l’Information, Hamza Baloul Al-Amir, a minimisé l’importance de l’annonce de l’armée comme « une extension » du coup d’État qui a commencé le 25 octobre.

Il n’y a pas eu de réaction immédiate des États-Unis.

La décision de l’armée a mis en évidence la fragilité des espoirs démocratiques qui ont suscité au Soudan en 2019, lorsque des manifestations de rue massives ont conduit à l’éviction du dictateur du pays depuis 30 ans, Omar Hassan al-Bashir.

M. al-Bashir a été jeté en prison puis condamné pour corruption. Mais un accord de partage du pouvoir fragile entre les dirigeants civils et militaires, qui était censé orienter le pays vers des élections libres dès 2023, a été entravé par des tensions et risque désormais de s’effondrer complètement.

Des groupes de protestation prévoient des manifestations samedi, la dernière d’une série de grèves, de rassemblements et de campagnes de désobéissance civile qui ont paralysé le Soudan ces dernières semaines. Les gens enragés par le coup d’État se sont barricadés dans les quartiers de Khartoum, dans l’espoir de renverser ce qu’ils ont qualifié de prise de pouvoir militaire.

Le général al-Burhan dit qu’il a pris le contrôle simplement pour mettre fin aux querelles entre factions politiques rivales, et s’est engagé à rendre le pouvoir aux civils. Il subit d’immenses pressions de la part des pays occidentaux qui ont menacé de réduire l’aide économique, y compris des dizaines de milliards de dollars d’allégement de la dette, alors que le Soudan souffre d’une crise économique punitive.

Mais les généraux soudanais cherchent également à protéger les privilèges considérables et les intérêts financiers considérables qu’ils ont accumulés pendant les trois décennies du règne de M. al-Bashir. Et ils sont soutenus par plusieurs puissances arabes, dont l’Égypte et les Émirats arabes unis, dont l’antipathie de longue date envers la démocratie n’a d’égale au Soudan que leur intérêt stratégique pour un régime militaire pur et simple.

Le conseil de gouvernement annoncé par le général al-Burhan jeudi était en fait un redémarrage de l’organe civilo-militaire qui dirige le Soudan depuis deux ans.

Les militaires nommés par le général al-Burhan restent les mêmes, y compris son puissant adjoint, le lieutenant-général Mohamed Hamdan – un commandant paramilitaire ambitieux et impitoyable qui, selon de nombreux analystes, est en lice pour diriger le pays.



Declan Walsh – [source]

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