Emmanuel Macron et Olaf Scholz veulent relancer la locomotive franco-allemande


Après les divergences et les tensions, l’heure est à l’apaisement et à l’unité. A l’occasion du 60e anniversaire du traité de réconciliation entre la France et l’Allemagne, le président Emmanuel Macron et le chancelier Olaf Scholz ont affiché dimanche à Paris une unité retrouvée de la « locomotive » franco-allemande, qui doit devenir « pionnière pour la refondation de l’Europe ».

Le président français a notamment rappelé, lors d’un discours à la Sorbonne, que ce couple franco-allemand ferait « le choix de l’avenir », comme il a su le faire « à chaque tournant de la construction européenne ». Les deux dirigeants devaient ensuite réunir à l’Elysée un conseil des ministres franco-allemand.

Une volonté d’aplanir les différends

En octobre dernier, ce rendez-vous avait dû être reporté en raison de fortes dissensions entre les deux pays sur une série de sujets-clés, de l’énergie à la défense, qui ont éclaté au grand jour dans le sillage de la guerre menée par la Russie en Ukraine. D’autant que les caractères des deux dirigeants sont aux antipodes, ce qui compliquent la nature de la relation qui repose, pour beaucoup, sur les liens personnels. Résultat : une incompréhension entre les deux dirigeants depuis la fin 2021, date à laquelle Olaf Scholz a succédé à Angela Merkel.

La date des retrouvailles est symbolique, soixante après la signature du Traité de l’Élysée par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer, acte fondateur permettant à deux ennemis historiques de devenir des alliés tout aussi historiques. Surtout, les liens économiques entre les deux pays n’ont cessé de se développer. En 2021, l’Allemagne est devenu le premier investisseur en France et la France sera sans doute le deuxième pays client de l’Allemagne en 2023, derrière la Chine.

La question des chars lourds

Lors de ce sommet, Olaf Scholz et Emmanuel Macron ont affirmé d’une voix l’objectif d’une Europe plus « souveraine », qui investit plus dans la défense et dans l’industrie. Emmanuel Macron a promis une augmentation d’un tiers du budget de la défense sur 2024-2030 alors que l’armée allemande va bénéficier cette année de 100 milliards d’euros de financements d’un fonds spécial.

Les deux dirigeants vont sans doute discuter de la question sensible de l’envoi chars lourds de combat à l’Ukraine, un débat sensiblement relancé depuis la décision de la France d’envoyer des chars légers à l’armée ukrainienne. L’Allemagne se montre plus qu’hésitante à donner son feu vert à l’envoi de chars Leopard 2 réclamés pare Kiev, malgré les fortes pressions de la Pologne et des pays baltes, partisans d’un soutien inconditionnel à l’Ukraine face à l’agression russe.

L’Europe face aux Etats-Unis

A la Sorbonne, Olaf Scholz s’est borné à assurer que la France et l’Allemagne continueraient « de fournir à l’Ukraine, aussi longtemps que nécessaire, tout le soutien dont elle aura besoin », et que « l’impérialisme de Vladimir Poutine ne vaincra pas ».

Le dossier ukrainien n’est pas le seul sur la table. La France met notamment en garde « une désindustrialisation » si l’Union européenne ne riposte pas au plan de subventions massives décidé par les Etats-Unis pour soutenir son industrie d’énergies renouvelables.

De son côté, le chancelier déclare partager les objectifs de la France visant à investir pour faire de l’Union européenne « un pôle mondial des technologies du futur »….et le premier « climatiquement neutre ». Le nucléaire sera sans doute un sujet de frictions tant les oppositions en Allemagne sont fortes à l’égard de l’atome, alors même que le pays « réactive » son plan charbon pour assurer son approvisionnement énergétique.

(avec AFP)