En Iran, la longue liste des condamnés à mort

Ce sont les trois derniers noms d’une liste macabre, qui ne cesse de s’allonger depuis le début du mouvement de révolte qui touche la République islamique d’Iran. Saleh Mirhashemi, Majid Kazemi et Saeed Yaghoubi, accusés d’être impliqués dans la mort de trois membres des forces de l’ordre lors de manifestations, ont été condamnés à mort en première instance, le 9 janvier. Ces nouvelles sentences prononcées portent à 17 le nombre de personnes ayant reçu la peine capitale en Iran, depuis le soulèvement déclenché par le décès en détention de Mahsa Amini, une étudiante de 22 ans arrêtée par la police des mœurs pour « port de vêtements inappropriés ».

« La France déplore l’annonce de nouvelles condamnations à mort par la justice iranienne, qui intervient après les exécutions révoltantes de deux manifestants le 7 janvier, a dénoncé dans un communiqué le Quai d’Orsay, publié ce lundi. Les condamnations à mort et les exécutions de participants aux manifestations […] ne peuvent tenir lieu de réponse aux aspirations légitimes de liberté du peuple iranien. » L’Union européenne, elle, a appelé deux jours auparavant « à mettre immédiatement un terme à la pratique hautement condamnable de prononcer et d’exécuter des condamnations à mort contre des manifestants », ainsi qu’à « annuler sans délai les récentes condamnations à mort ». Depuis quelques mois, des sanctions ont également été prises : gel des avoirs pour une liste de personnes et d’entités, interdiction de pénétrer sur le territoire européen ou encore blocage d’exportations vers l’Iran d’équipements susceptibles d’être utilisés à des fins de répression.

Une justice expéditive

Ces condamnations successives en Iran permettent aux autorités d’instiller la peur parmi la population, et in fine mettre un terme au soulèvement populaire qui secoue le pays. Le 8 décembre, Mohsen Shekari, un homme de 23 ans, a été le premier à faire les frais de cette politique de la terreur : la justice iranienne l’avait reconnu coupable d’avoir « bloqué une rue de Téhéran, suscité la peur, privé les personnes de liberté et de sécurité, et intentionnellement blessé un agent de sécurité avec une arme blanche (couteau) ». A l’époque, Amnesty International s’était dit « horrifiée » par l’éxécution, qui, selon l’ONG, était intervenue trois semaines après « un simulacre de procès contrevenant aux règles d’équité les plus élémentaires ».

Les cas de Mohsen Shekari et Majidreza Rahnavard, tous deux condamnés en décembre pour « inimité à l’égard de Dieu », illustrent également cette justice expéditive. Outre le fait qu’aucun des deux hommes n’a eu accès à l’avocat de leur choix, ces derniers ont été tués 18 et 13 jours après leur jugement, alors que le code pénal iranien dispose que les condamnés ont vingt jours pour faire appel. Les condamnés subissent aussi des pressions, à l’image de Sahand Nour Mohammadzadeh, un jeune homme de 26 ans pendu pour avoir détruit des balustrades d’autoroute et incendié des poubelles. Dans un enregistrement sorti de la prison de Fashafouyeh, située dans le sud de Téhéran, Sahand Nour Mohammadzadeh expliquait avoir été contraint de se déclarer coupable d’ »inimitié à l’égard de Dieu » du fait d’intimidations subies lors de sa détention.

Selon les organisations de défense des droits humains, au moins 80 autres personnes risquent de subir le même sort ces prochains jours. Les Iraniens qui se trouvent aujourd’hui dans le couloir de la mort sont pour la plupart âgés de moins de 30 ans, une situation qui inquiète Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty : « Ce sont des jeunes qui sont tués, ce sont des enfants. C’est effrayant. C’est tout une génération que l’Etat est en train de détruire ». De son côté, le président de la République Emmanuel Macron avait dit son « respect » et son « soutien » au combat mené par les iraniennes, lors d’un grand entretien sur France Inter le 14 novembre.



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