Guerre en Ukraine : la chaîne d’information russe RT France annonce sa "fermeture"

À l’occasion d’une réunion de stratégie militaire ayant duré toute la journée de vendredi 20 janvier à Ramstein, en Allemagne, les alliés de l’Ukraine ont annoncé de nouvelles livraisons d’armes à Kiev. Plusieurs centaines de véhicules de combat et de systèmes de défense antiaériens ont notamment été promis par le Royaume-Uni, la Suède, le Danemark, ou encore les Etats-Unis, qui ont annoncé une nouvelle tranche de 2,5 milliards de dollars d’aide.

Mais les soutiens occidentaux de l’Ukraine ne sont toujours pas parvenus à s’entendre sur la livraison des chars lourds, douchant les espoirs de Kiev qui les réclame instamment. L’Ukraine va désormais devoir attendre d’autres discussions et un feu vert de l’Allemagne. Car ses chars lourds, les Léopards 2, de loin les plus représentés dans les armées européennes, sont pour l’heure bloqués par l’absence d’autorisation de réexportation par Berlin, qui « n’a pas encore pris sa décision ».

RT France annonce sa « fermeture »

RT France, branche française de la chaîne russe RT, suspendue dans l’Union européenne, a annoncé ce samedi sa fermeture. « Après 5 années d’acharnement, les autorités au pouvoir sont donc parvenues à leurs fins : la fermeture de RT France […]. La Direction générale du trésor a décidé de geler les comptes bancaires de RT France rendant impossible la poursuite de notre activité », a annoncé sur Twitter Xenia Fedorova, présidente et directrice de la chaîne.

Plus tôt dans la journée, Moscou avait promis de prendre des mesures de rétorsion contre les médias français en Russie. Celles-ci « resteront dans les mémoires si les autorités françaises ne cessent pas de terroriser les journalistes russes », a averti une source au sein de la diplomatie russe, citée par les agences de presse russes Ria Novosti et Tass.

Chars lourds : « l’indécision tue encore plus nos concitoyens », regrette Kiev

L’Ukraine a déploré, ce samedi 21 janvier, « l’indécision générale » de ses alliés occidentaux qui se sont refusés la veille à lui fournir des chars lourds. « L’indécision de ces jours tue encore plus de nos concitoyens », a regretté sur Twitter Mykhaïlo Podoliak, un conseiller de la présidence ukrainienne, appelant les alliés de Kiev à « penser plus vite ». « Vous aiderez l’Ukraine avec les armes nécessaires de toute façon et comprendrez qu’il n’y a pas d’autre option pour mettre fin à la guerre », a-t-il plaidé.

Vendredi soir, Volodymyr Zelensky soulignait que les alliés, qui ont promis de soutenir l’Ukraine « autant que nécessaire », devraient inévitablement se rendre à l’évidence « qu’il n’y a pas d’autres solutions » que la fourniture de ces chars pour permettre à l’Ukraine de lancer une contre-offensive d’ampleur.

La porte à la livraison de chars lourds n’est pas fermée

Les Etats-Unis ont néanmoins laissé entendre que la situation pourrait évoluer dans les semaines à venir. « Nous avons ici une fenêtre d’opportunité entre maintenant et le printemps » pour livrer des chars occidentaux quand l’Ukraine commencera « sa contre-offensive », a ainsi déclaré le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin. D’ici là, les divers paquets d’aides militaires supplémentaires promis par plusieurs pays offrent aux forces ukrainiennes « la capacité dont elles ont besoin pour remporter des succès » sur le terrain, a jugé le chef du Pentagone.

Les Pays-Bas ont annoncé, vendredi 20 janvier, avoir rejoint un « groupe de pays, dont l’Allemagne », qui étudie les possibilités de fournir des chars lourds à Kiev, y compris en assurant une formation. Son homologue polonais Mariusz Blaszczak s’est dit « convaincu » que les alliés finiraient par s’unir pour livrer des chars allemands Leopard 2 à l’Ukraine.

Washington conseille une « grande contre-offensive » dans le Sud

La ville assiégée de Bakhmout, à l’est du pays, a de nouveau été violemment bombardée vendredi 20 janvier, selon l’AFP. Aujourd’hui largement ravagée, la ville est devenue l’épicentre des combats avec des avancées lentes et des pertes élevées dans les deux camps. Bakhmout est devenue un symbole majeur de la lutte contre l’invasion russe : le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’était même rendu sur la ligne de front en décembre.

Un haut responsable de l’administration américaine a estimé vendredi auprès de l’AFP que l’Ukraine ne devrait pas chercher à défendre coûte que coûte la ville de Bakhmout, qui, déjà grand partie détruite, gaspille les ressources de l’armée. Mais elle devrait plutôt se concentrer sur la préparation d’une contre-offensive d’envergure sur la ligne de front au sud du pays, notamment dans la région de Zaporijia. Selon lui, l’Ukraine gagnerait aussi à affecter ces militaires très exposés à des programmes d’équipement et d’entraînement dirigés par les Etats-Unis, afin de former des unités plus techniques et lourdement armées pour préparer une action au sud. Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a également fait savoir que Washington s’attendait à une contre-offensive de l’Ukraine au printemps.

L’armée russe, de son côté, a affirmé samedi avoir mené des « opérations offensives » dans la région de Zaporijia, dans le sud de l’Ukraine, qui lui ont permis de prendre « des positions avantageuses ». « Dans la direction de Zaporijia, à la suite d’opérations offensives, les unités du district militaire oriental ont pris des lignes et des positions plus avantageuses », a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué, sans donner plus de détails.

Les Pays-Bas promettent équipement et formations

Une nouvelle promesse d’aide de la part d’un allié occidental. Le gouvernement néerlandais a annoncé vendredi, après le sommet de Ramstein, qu’il allait aider l’Ukraine à s’équiper en système de défense antiaérienne Patriot, alors que les pays occidentaux accélèrent leurs livraisons d’armes à Kiev. Le pays livrera « deux lanceurs et des missiles », selon le ministère de la Défense néerlandais. Les Pays-Bas ont également annoncé qu’ils seront responsables de la formation de soldats ukrainiens et fourniront 100 véhicules avec des canons antiaériens achetés auprès de la République tchèque.

Cette opération a lieu le cadre d’un « projet collaboratif avec les Etats-Unis et l’Allemagne » pour répondre à l’appel urgent de Volodymyr Zelensky. Les Etats-Unis avaient annoncé fin décembre fournir un système de défense antiaérienne Patriot à l’Ukraine, et Berlin s’était également engagé à fournir un de ces systèmes le 5 janvier. Le ministre de la Défense ukrainien Oleksii Reznikov s’est félicité sur Twitter de ces nouvelles livraisons, remerciant notamment son « ami et collègue » américain Lloyd Austin et assurant que « Bradleys et Patriots vont changer le cours de la guerre ».

Wagner, organisation criminelle internationale pour les Etats-Unis

Immense groupe paramilitaire russe composé de mercenaires, « Wagner » est désormais considéré comme une organisation criminelle internationale par la Maison Blanche. Il « commet de vastes atrocités et abus de droits humains », a dénoncé vendredi devant la presse le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby. « Nous continuons de considérer que le groupe Wagner dispose actuellement de quelque 50 000 personnes déployées en Ukraine », a-t-il précisé. Parmi ces derniers, 40 000 seraient des prisonniers recrutés durant leur peine.

Le responsable a annoncé que Washington prendrait bientôt d’autres sanctions contre le groupe Wagner. Il a également fait part d’images satellites montrant des trains russes à destination de la Corée du Nord pour s’y fournir en équipements pour le groupe Wagner. Le groupe paramilitaire, dirigé par Evgueni Prigojine, est très actif dans la bataille acharnée pour la prise de Bakhmout dans l’est de l’Ukraine.



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