« La résistance de l’économie européenne fait souffler une brise d’optimisme à Davos »


Croisé sur les trottoirs enneigés de Davos, en Suisse, où se tient l’édition 2023 du Forum économique mondial, un banquier confie sous le sceau du secret : « Davos, c’est comme les économistes, c’est excellent pour avoir une photo du présent, mais très mauvais pour prédire le futur. » C’est pourtant ce qu’on persiste à demander aux experts.

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Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), est confrontée au même problème. Jeudi 19 janvier, à Davos, elle a admis avoir été surprise par la résistance de l’économie européenne. « Les nouvelles sont devenues beaucoup plus positives ces dernières semaines », a-t-elle affirmé. Cela lui fait dire que l’année en cours « ne sera pas brillante, mais bien meilleure que ce qu’on craignait ».

La veille, le chancelier allemand, Olaf Scholz, avait également reconnu que son pays avait tenu en 2022, en dépit des cassandres qui anticipaient son effondrement faute de gaz russe pour faire tourner ses usines. Cette fin d’année meilleure qu’attendu suffit à faire souffler une légère et inattendue brise d’optimisme sur la communauté des dirigeants, des économistes et des politiques, qui se retrouvent enfin les pieds dans la neige de Davos après trois ans d’absence (malgré une version printanière en mai 2022).

Fringale chinoise bienvenue

Dès lors, comme en Bourse, chaque signal, même le plus faible, est interprété comme une confirmation de la thèse. La venue, mardi 17 janvier, du vice-premier ministre chinois, Liu He, a ainsi fait vibrer les PDG présents au sommet. Non par son discours, très convenu, mais par sa présence même, signe du retour de la locomotive du commerce mondial. D’ailleurs, le lendemain, il a rencontré officiellement, à Zurich (Suisse), la secrétaire au Trésor américaine, Janet Yellen, qui lui a fait part de son intention de se rendre prochainement en Chine.

Le retour des échanges et l’appétit de consommation de centaines de millions de Chinois frustrés par trois ans d’isolement apporteront un peu d’air frais. Mais attention, prévient Alan Jope, le patron d’Unilever, cette fringale d’achats pourrait aussi ralentir la baisse de l’inflation que l’on commence à observer. C’est pourquoi, prudente, Christine Lagarde a rappelé que l’inflation reste « beaucoup trop élevée », même si les hausses de prix ont ralenti après le pic de plus de 10 % en octobre 2022. L’objectif de la BCE reste toujours de revenir à 2 %, ce qui laisse présager de nouvelles hausses des taux.

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Les financiers de BlackRock, le premier gestionnaire d’actifs au monde, eux, ne s’inquiètent pas tant de cette perspective que de l’incertitude qui entoure les futurs investissements en Chine. Même ouvert à nouveau, le marché devient maintenant incertain, ce qui pousse les industriels à revoir leurs chaînes d’approvisionnement, notamment au bénéfice de l’Inde. Mais la grande affaire de 2023, susceptible à elle seule de soutenir la reprise, c’est, selon BlackRock, l’engouement pour la décarbonation de l’économie, industrie, énergies renouvelables, comme si, soudain, cette perspective devenait le nouvel horizon d’un capitalisme en pleine recomposition.



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