Lettres piégées en Espagne : qui se cache derrière les suprémacistes du Mouvement impérial russe ?

A la fin de l’année 2022, les agents de l’ambassade d’Ukraine à Madrid ont échappé de peu à la mort, en consultant leur courrier. Le 30 novembre, 6 lettres leur parviennent, toutes piégées. Un des explosifs se déclenche, et blesse très légèrement un des employés. Les lettres adressées aux ministères de la Défense, des Affaires étrangères, et au Premier ministre, ainsi qu’à des infrastructures militaires ne trouveront pas non plus leur cible.

Qui est à l’origine de cet attentat raté ? A l’époque déjà, tous les regards se tournent vers Moscou, qui a envahi l’Ukraine. Ce mercredi 25 janvier, un homme de 74 ans, retraité, a été arrêté à Miranda de Ebro, dans le nord de l’Espagne, selon une source policière à l’AFP. Pour l’instant, les autorités n’ont pas plus communiqué sur le sujet.

Selon les Etats-Unis, cette tentative de déstabilisation aurait été orchestrée par le Mouvement impérial russe (MIR), un réseau paramilitaire ultranationaliste, suprémaciste blanc, qui serait lui-même téléguidé par le renseignement russe, pour désorganiser le Vieux continent. Le ministère de l’Intérieur espagnol s’est refusé à tout commentaire sur ces informations pour le moment.

Base arrière à Saint-Pétersbourg

Le MIR a été fondé en 2002, à Saint-Pétersbourg par Stanislav Anatolyevich, selon le Counter terrorism project, une ONG antiterroriste américaine. Elle promeut notamment la restauration du Tsar, et de l’Empire russe. Plusieurs de ses membres font l’objet de sanctions économiques américaines et l’organisation est considérée comme terroriste par les Etats-Unis depuis 2020.

« C’est la première fois que les Etats-Unis mettent sur cette liste noire des terroristes suprémacistes blancs, ce qui démontre à quel point ce gouvernement prend cette menace au sérieux », avait alors déclaré le coordinateur de la lutte antiterroriste au département d’Etat américain, Nathan Sales.

L’organisation est notamment intervenue dans les différents conflits en Ukraine qui ont précédé la guerre déclenchée il y a un an, soutenant l’armée russe et les séparatistes ukrainiens, selon le Centre pour la sécurité internationale et la coopération de l’Université de Stanford.

Unir l’extrême droite européenne et américaine

Depuis 2015, le MIR tente d’étendre son influence en dehors de la Russie, et de mobiliser les mouvements d’extrême droite en Occident. Un des leaders du mouvement Stanislav Shevchuk, a par exemple rencontré des néo-nazis américains… sur le sol américain. Un moment immortalisé par une photo prise devant la Maison-Blanche. Une première, selon l’Université de Stanford.

En 2019, le MIR s’est montré très actif en Europe, se joignant à des conférences d’extrême droite en Pologne, en Bulgarie et en Autriche, ainsi qu’en Espagne. En juin 2020, le gouvernement allemand a accusé le MIR d’avoir entraîné militairement des groupes de néo-nazis locaux.

Selon les propos du renseignement américain, relayés dans le New York Times, le MIR serait en réalité influencé par le GRU, les renseignements russes. En poussant le MIR à agir, les services russes testeraient leur capacité à utiliser des groupes non-officiels, pour générer une escalade dans le conflit qui l’oppose à l’Occident, et déstabiliser les démocraties.



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