Technologies vertes : la riposte de l’Europe au plan américain – Économie




C’est, avec l’Ukraine, la grande préoccupation des Européens en ce début 2023 : comment protéger les entreprises de l’UE de l’Inflation reduction Act (IRA), ce plan américain à 370 milliards de dollars de subsides pour les technologies vertes ? Et comment les faire rester sur le Vieux Continent, où l’énergie coûte par ailleurs plus cher ?

Ils craignent que les aides et allègements fiscaux prévus pour les entreprises produisant sur le sol des États-Unis séduisent les producteurs européens et que le spectre d’une course mondiale aux subventions, à laquelle participe déjà la Chine, perturbe leur propre marché unique.

Les Vingt-sept en discuteront les 9 et 10 février lors d’un Sommet à Bruxelles. Avant cela, la Commission leur présentera ses pistes mercredi, entre aide au développement en Europe des technologies vertes, nouvelles largesses pour les aides d’État et un possible Fonds européen « de souveraineté » pour financer tout cela, au sujet duquel les 27 se disputent déjà.

Règles assouplies pour la production et les aides d’État

La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, l’a déjà dit à Davos. Elle veut un « Acte pour une industrie européenne Zéro émission » pour soutenir en Europe la production d’énergie éolienne, de pompes à chaleur ou d’hydrogène propre, l’UE ne produisant par exemple que 2 % des panneaux solaires mondiaux. La délivrance de permis pour construire des sites de production, associant plusieurs pays, sera accélérée. Et le cadre européen des aides d’État, assoupli ; un régime d’investissement « anti-délocalisation » doit aussi faire partie du plan.

Bruxelles envisage à moyen terme un Fonds souverain pour aider les 27 à financer tout cela et surtout, pour éviter la « fragmentation » du marché unique et aider les pays ayant moins de marge budgétaire ou fiscale à se mettre au niveau. Une riposte qui doit s’élever au moins à 350 milliards d’euros d’ici à 2030, a estimé en décembre le commissaire au Marché intérieur Thierry Breton.

Entre Paris et Berlin, friture sur la ligne

Un nouvel assouplissement du régime des aides d’État bénéficierait aux pays les plus solides, comme pendant la pandémie. La France et l’Allemagne soutiennent donc l’idée, rejointes par Madrid, et ont plaidé ensemble pour de nouvelles subventions aux entreprises ou crédits d’impôts. Paris et Berlin plaident aussi auprès de Washington pour que les entreprises européennes ne soient pas pénalisées par l’IRA et ont obtenu de possibles exemptions pour les véhicules électriques européens. Mais l’entente s’arrête là : quand Paris milite pour ce Fonds de souveraineté et un nouveau dispositif d’emprunt européen, Berlin l’estime inutile.

La semaine dernière, sept pays ont écrit à la Commission pour dire la même chose. Les Pays-Bas ou la Belgique estiment également qu’il y a déjà assez d’argent sur la table avec le plan de relance de 2020 et ses 750 milliards d’euros de prêts et subventions car seulement 100 milliards de subventions ont été versées.

Un autre casse-tête attend aussi les 27 sur la posture de l’UE face à ce nouveau protectionnisme américain. Là encore, ils ne sont pas d’accord, entre les pays souhaitant que Bruxelles intervienne davantage pour défendre le marché unique et les inconditionnels du libre-échange et du commerce « ouvert », plus au Nord.



Lire plus

About The Author

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

CAPTCHA