Royaume-Uni : pourquoi les retours de Liz Truss et Boris Johnson fragilisent Rishi Sunak

Elle sort enfin du silence, après avoir démissionné de son poste le 20 octobre dernier. Liz Truss, l’ancienne Première ministre britannique conservatrice, a donné dimanche sa première expression publique depuis son départ, sous la forme d’une longue tribune publiée dans le journal conservateur Sunday Telegraph. « Je ne prétends pas être irréprochable dans ce qui s’est passé, mais fondamentalement, je n’ai pas eu une chance réaliste d’adopter ma politique en raison d’un très puissant système économique orthodoxe, doublé d’un manque de soutien politique », expose-t-elle. Sa mesure la plus emblématique visait à supprimer la plus haute tranche d’impôt sur le revenu et a suscité de nombreuses critiques, au sein du pays comme à l’extérieur. A tel point que la livre sterling avait connu une chute historique de son cours.

Les éditorialistes politiques britanniques voient dans ce retour la volonté de peser dans le débat au sein des conservateurs, à quelques semaines du vote d’un nouveau budget et au moment où Rishi Sunak, l’actuel Premier ministre, est en berne dans les sondages après 100 jours au pouvoir. Même si elle ne le critique pas nommément, « il est évident qu’elle pense que sa politique est désastreuse », écrit le Sunday Telegraph dans son éditorial. Depuis un mois, le gouvernement est confronté à des mouvements sociaux massifs d’infirmières, d’ambulanciers ou encore d’enseignants, pour réclamer des augmentations de salaires, dans un contexte où l’inflation dépasse encore les 10 %. Rishi Sunak est attaqué aussi bien par l’opposition que par ses propres rangs : il a dû limoger le président du parti conservateur Nadhim Zahawi pour des démêlés fiscaux et, dans le même temps, a maintenu sa confiance au ministre de la Justice Dominic Raab, accusé de harcèlement de son personnel.

Johnson souhaite la livraison d’armes à l’Ukraine

C’est aussi dans ce moment difficile que l’ancien Premier ministre Boris Johnson a réaffirmé son activisme en faveur de l’Ukraine, exprimé notamment il y a deux semaines en s’affichant aux côtés de Volodymyr Zelensky. En visite à Washington cette semaine, où il a rencontré des responsables républicains, Johnson a exhorté sur Fox News le gouvernement britannique à « donner aux Ukrainiens ce dont ils ont besoin aussi vite que possible ». « Ce ne serait pas une mauvaise chose si nous donnions nous-mêmes plus de chars », a-t-il encore insisté vendredi, dans un entretien sur TalkTV, avec la députée Nadine Dorries, une de ses plus fidèles lieutenantes.

Downing Street a été contraint de rappeler que Boris Johnson « n’agissait pas au nom du gouvernement britannique », rappelant les difficultés pratiques de la livraison d’avions de combat. Truss comme Johnson bénéficient encore de nombreux soutiens parmi les conservateurs, les pro-Johnson reprochant à Rishi Sunak d’avoir causé la chute de leur champion en démissionnant de son gouvernement, tandis que certains parlementaires défendent la baisse des impôts portée par Truss.



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