UBS va racheter un Credit Suisse en crise pour trois milliards d'euros

Des bourses financières qui chutent de plus de 3 %, des marchés complètement fébriles et une des plus grandes banques européennes en difficulté après la faillite de SVB, aux Etats-Unis, le 10 mars dernier. Credit Suisse, la deuxième banque helvétique, a été rachetée par sa rivale UBS ce dimanche 19 mars, ont confirmé les deux entités concernées et le gouvernement. Ce dernier mise sur cette fusion pour « rétablir la confiance ».

Poussée par des autorités réunies en urgence à plusieurs reprises ces derniers jours, UBS a accepté de débourser plus de trois milliards d’euros pour acquérir Credit Suisse. Elle aurait augmenté une première proposition, selon le Financial Times, afin de surmonter les réticences sa concurrente et de l’un de ses principaux actionnaires, et, surtout, pour empêcher un mouvement de panique sur les marchés, lundi. Ce montant est payable en actions UBS et valorise l’action Credit Suisse à un prix de 76 centimes, ce qui reste très inférieur au cours du titre vendredi à la clôture (1,86 franc suisse).

Après une chute record à la clôture de la Bourse le 15 mars, Credit Suisse ne valait qu’à peine 7 milliards de francs suisses (à peu près autant d’euros). Une misère pour une banque qui fait partie – tout comme UBS – des 30 établissements dans le monde considérés comme trop importants pour les laisser faire faillite. Face à la défiance des investisseurs et partenaires, la Banque centrale helvétique avait prêté dans la foulée 50 milliards de francs suisses pour redonner de l’oxygène à Credit Suisse et rassurer les marchés. Mais le répit n’a été que de courte durée.

D’après Bloomberg, un autre scénario était un temps envisagé : une nationalisation partielle ou totale de Credit Suisse. Selon le média spécialisé, qui cite des personnes proches du dossier, il s’agissait de la seule option viable en dehors d’un rachat par UBS. « Le pays envisage soit de reprendre la banque dans son intégralité, soit de détenir une participation importante si une prise de contrôle par UBS s’effondre en raison de la complexité de la conclusion de l’accord et du court délai imparti », ont-elles déclaré, demandant à ne pas être identifiées car « l’affaire est privée ».

Deux années noires

Credit Suisse vient de connaître deux années marquées par plusieurs scandales qui ont révélé, de l’aveu même de la direction, « des faiblesses substantielles » dans son « contrôle interne ». L’autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) lui avait reproché d’avoir « gravement manqué à ses obligations prudentielles » dans la faillite de la société financière Greensill en 2021, qui a marqué le début de ses déboires. Fin octobre 2022, Credit Suisse avait dévoilé un vaste plan de restructuration prévoyant la suppression de 9 000 postes d’ici 2025, soit plus de 17 % de ses effectifs. La banque, qui employait 52 000 personnes à cette époque, envisage désormais de séparer la banque d’affaires du reste de ses activités pour se recentrer sur ses pans les plus stables, dont la gestion de fortune.

En revanche, UBS, qui a passé plusieurs années à se redresser après le choc de la crise financière de 2008, commence à récolter les fruits de ses efforts. Concernant l’acquisition de Credit Suisse, elle exigerait des garanties de l’Etat pour couvrir les coûts de la liquidation de certaines parties de la banque zurichoise, ainsi que les coûts potentiels de litiges. L’UBS voudrait environ six milliards de dollars, a indiqué l’agence de presse Reuters samedi soir, citant des sources proches des discussions en cours. Le montant avancé pourrait encore changer. Les discussions se heurtent aussi à la question des emplois : une fusion entre UBS et Credit Suisse pourrait entraîner la suppression d’environ 10 000 postes.

« Les banques françaises sont solides »

En France, le président de la Fédération bancaire française Philippe Brassac a assuré que la tourmente bancaire qui frappe notamment Credit Suisse en Europe ne risquait pas de contaminer le secteur bancaire. « Il n’y a aucun risque parce qu’il n’y a aucun mécanisme de contagion possible entre les événements que nous constatons et les banques françaises », a déclaré le banquier, directeur général du Crédit Agricole, sur France Inter. « Les banques françaises sont très solides du fait de la régulation », et « il n’y a pas de mécanisme, comme il pouvait y en avoir dans le passé, de propagation. »

« Les banques françaises sont solides », a répété le ministre de l’Economie français Bruno Le Maire. « Les épargnants n’ont pas d’inquiétudes à avoir sur leurs dépôts. Nous avons en Europe le système de supervision bancaire le plus exigeant de la planète », a-t-il déclaré dans une interview au Parisien, samedi.



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