Le Burkina Faso désormais seul pays sanctionné par la Cedeao
Publié le 26 février 2024
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Après le Niger, au tour de la Guinée et du Mali. La Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a décidé, les 24 et 25 février, de la levée d’une grande partie des sanctions contre les trois régimes militaires en place dans ces pays, actant une volonté de reprendre le dialogue dans un contexte de crise régionale.
La Cedeao « a décidé de lever avec effet immédiat » les plus lourdes sanctions imposées au Niger depuis la prise du pouvoir à Niamey d’un régime militaire qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum en juillet, a annoncé l’organisation le 24 février dans l’après-midi.
Dans un communiqué publié le lendemain, la Cedeao a aussi annoncé « lever les sanctions financières et économiques à l’encontre de la République de Guinée » et « lever les restrictions sur le recrutement des citoyens de la République du Mali pour des postes professionnels au sein des institutions de la Cedeao ».
Le Burkina Faso, qui fait partie des quatre États dirigés par des régimes militaires depuis 2020, lui aussi soumis à des sanctions de la Cedeao, n’est pas mentionné dans le communiqué final de l’organisation régionale.
Alliance des États du Sahel et rapprochement avec la Russie
« Nous devons revoir notre approche quant au retour de l’ordre constitutionnel chez quatre de nos pays membres », avait déclaré en introduction le président nigérian Bola Ahmed Tinubu, qui assure la présidence de la Cedeao, en référence au Mali, au Burkina Faso, au Niger et à la Guinée.
Ces décisions marquent un pas de la Cedeao vers la reprise du dialogue avec ces trois régimes militaires, alors que le Niger, le Mali et le Burkina Faso, qui ont notamment tourné le dos à la France et se sont rapprochés de la Russie, ont annoncé en janvier leur intention de quitter la Cedeao.
Les trois pays se sont regroupés au sein d’une Alliance des États du Sahel (AES). À la mi-février, le chef du régime militaire nigérien, le général Abdourahamane Tiani, a évoqué la possible création d’une monnaie commune avec le Burkina Faso et le Mali, comme une « étape de sortie » de la « colonisation ». Dans son communiqué, la Cedeao invite instamment les trois États membres à recourir « au dialogue, à la négociation et à la médiation ».
En Guinée, la Cedeao avait interdit les transactions financières avec ses institutions membres un an après l’arrivée au pouvoir du colonel Mamadi Doumbouya, qui a renversé le président Alpha Condé en septembre 2021. La semaine passée, le chef de la junte a annoncé par décret la dissolution du gouvernement en fonction depuis juillet 2022.
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Au Mali, qui a connu deux coups d’État en 2020 et 2021, le bloc régional avait imposé des sanctions économiques et financières qu’il avait levées en juilet 2022, quand la junte au pouvoir avait annoncé son calendrier de transition. Les frontières et l’espace aérien nigérien seront rouverts, les transactions financières entre les pays de la Cedeao et le Niger de nouveau autorisées, et les avoirs de l’État nigérien dégelés, « pour des raisons humanitaires », a-t-il déclaré. Les dirigeants militaires à Niamey sont également autorisés à voyager à nouveau.
Mohamed Bazoum toujours détenu
« Des sanctions individuelles et politiques restent en place », a tenu à préciser Omar Alieu Touray sans donner plus de précisions. La Cedeao a à nouveau exigé « la libération immédiate » du président nigérien déchu Mohamed Bazoum, maintenu en résidence surveillée avec son épouse par le régime militaire depuis sept mois.
La dernière réunion des membres de la Cedeao remonte au 9 février lorsqu’ils avaient appelé à la « réconciliation » avec les régimes militaires du Niger, du Mali et du Burkina Faso et les avaient exhortés à rester dans le bloc régional.
La Cedeao est également mise à l’épreuve par la crise politique que connaît le Sénégal depuis le report de l’élection présidentielle par le chef de l’État Macky Sall. Le président sénégalais, qui n’avait pas assisté au précédent sommet, était cette fois-ci présent, deux jours après avoir annoncé qu’il achèverait son mandat à l’expiration de celui-ci le 2 avril, mais sans avoir fixé de nouvelle date pour l’élection présidentielle, initialement prévue le 25 février mais qui a été reportée.
Le bloc régional a pris « acte de la fin du mandat dupPrésident Macky Sall le 2 avril 2024 et le félicite pour les réalisations remarquables en matière d’infrastructures et de développement économique » et a appelé « tous les acteurs sénégalais à privilégier le dialogue en vue de préserver les acquis démocratiques du Sénégal à travers une élection présidentielle libre, inclusive et transparente ».
(avec AFP)