12/12/2024

Guerre en Ukraine : quand Poutine et Xi Jinping font la leçon aux Occidentaux

Les deux « meilleurs amis », comme ils aiment à s’appeler, peut-être plus que jamais sur la même longueur d’onde. Xi Jinping et Vladimir Poutine ont défendu ce jeudi 16 mai l’axe Pékin-Moscou comme un facteur de « stabilité » et de « paix » dans le monde, alors que le chef d’Etat russe est en Chine pour sa première visite d’Etat depuis sa réélection en mars dernier.

La relation Chine-Russie « est non seulement dans l’intérêt fondamental des deux pays et des deux peuples, mais elle est également propice à la paix », a insisté Xi Jinping. Et « la Chine est prête à travailler avec la Russie pour […] soutenir l’équité et la justice dans le monde ». « La relation Chine-Russie aujourd’hui a été durement acquise et les deux parties doivent la chérir et la nourrir », a-t-il ajouté.

Cette relation est « un facteur de stabilité sur la scène internationale », a assuré de son côté Vladimir Poutine, selon le Kremlin. Elle « n’est pas opportuniste et elle n’est dirigée contre personne ». « Ensemble, nous soutenons les principes de justice et un ordre démocratique mondial reflétant les réalités multipolaires et fondé sur la loi internationale », a-t-il déclaré. Après leur entretien bilatéral, les deux hommes ont signé un communiqué commun pour approfondir le « partenariat stratégique global » sino-russe, selon l’agence officielle Chine nouvelle.

Chine et Russie taclent les Occidentaux

Vladimir Poutine est arrivé jeudi matin à Pékin pour une visite de deux jours, son deuxième voyage en Chine en un peu plus de six mois, et son quatrième depuis le début de l’invasion de l’Ukraine. A peine quelques heures plus tôt, il s’était félicité des avancées de l’armée russe sur le front, alors que les forces de Moscou ont lancé une nouvelle offensive dans la région de Kharkiv.

Dans leur communiqué commun jeudi, Pékin et Moscou jugent « nécessaire » d’éviter toute décision contribuant « à la prolongation des hostilités et à une nouvelle escalade du conflit ». Une formulation qui semble viser Européens et Américains, la Chine et la Russie affirmant régulièrement que ce sont les livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine qui font durer la guerre.

S’exprimant devant la presse au côté de Xi Jinping, Vladimir Poutine s’est dit jeudi « reconnaissant » envers la Chine pour ses « initiatives » de paix dans la crise ukrainienne, selon les agences russes. La Chine, qui n’a jamais condamné l’invasion russe, appelle régulièrement au respect de l’intégrité territoriale de tous les pays (sous-entendu Ukraine comprise) mais exhorte aussi à prendre en considération les préoccupations de sécurité russes. « Les deux parties sont d’accord sur le fait qu’une solution politique à la crise en Ukraine est la voie à suivre », a ajouté Xi Jinping. « La Chine espère que la paix et la stabilité seront rapidement rétablies sur le continent européen et continuera à jouer un rôle constructif à cette fin », a-t-il promis.

Par ailleurs, Vladimir Poutine a jugé « nuisible » toute alliance politique et militaire « fermée » en Asie-Pacifique, où son partenaire chinois est en concurrence avec les Etats-Unis, qui coopèrent avec l’Australie et le Royaume-Uni pour contrer l’influence de Pékin.

« Approfondir la coopération » économique

Autre sujet très important de cette visite de Poutine à Pékin : les relations commerciales entre les deux pays. La Chine est la planche de salut économique cruciale pour la Russie, en proie aux lourdes sanctions occidentales. Tout juste de retour d’une tournée en Europe, Xi Jinping y a défendu le droit de maintenir avec son voisin russe des liens économiques normaux. La Chine bénéficie notamment d’importations d’énergie russe bon marché. Les échanges commerciaux entre Pékin et Moscou sont également plus élevés que jamais, ayant atteint près de 240 millions de dollars en 2023, soit près de deux fois plus élevés qu’avant le début de la guerre en Ukraine.

Sur ce sujet, le président russe a ainsi rencontré ce jeudi le Premier ministre Li Qiant. Ce dernier a déclaré que Pékin souhaitait « continuer à approfondir la coopération dans divers domaines » avec Moscou. Vladimir Poutine avait évoqué en début de semaine dans un entretien à une agence de presse officielle chinoise vouloir développer une coopération plus étroite « dans l’industrie et la haute technologie, l’espace extra-atmosphérique et l’atome pacifique, l’intelligence artificielle, les énergies renouvelables et d’autres secteurs innovants ».

L’importance des sanctions américaines

Ces liens sino-russes étroits sont vus avec une suspicion croissante en Occident. Washington a fixé une ligne rouge à Pékin – ne pas fournir directement d’armes à Moscou – et dit n’avoir à ce jour pas eu la preuve du contraire. Les Etats-Unis estiment cependant que le soutien économique chinois permet tout de même à la Russie de renforcer sa production de missiles, de drones et de chars.

Si la dynamique des échanges commerciaux est à la hausse constante ces dernières années, une certaine bascule semble s’être opérée ces derniers mois. Les exportations chinoises vers le voisin russe ont ainsi baissé en mars et en avril, après la menace de sanctions américaines. En cause, un décret signé en décembre par le président américain Joe Biden, qui autorise désormais des sanctions secondaires contre les banques étrangères liées à la machine de guerre russe. Le Trésor américain peut les exclure du système financier mondial, fondé sur le dollar. Face à ces pressions, plusieurs banques chinoises ont interrompu ou réduit leurs transactions avec leurs clients russes, selon huit ressortissants des deux pays impliqués dans le commerce bilatéral.

Malgré tout, Moscou et Pékin ont signé jeudi plusieurs accords commerciaux. Ce vendredi, Vladimir Poutine doit d’ailleurs se rendre dans la ville de Harbin, au nord-est de la Chine, afin de visiter une foire dédiée au commerce et aux investissements.



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