"Paris émerveille le monde sous le déluge" : la presse étrangère conquise par la cérémonie d’ouverture
Le monde entier n’avait d’yeux que pour Paris ce vendredi 26 juillet pour le coup d’envoi des Jeux olympiques de 2024. Au moins un milliard de personnes, et 22 millions en France, étaient devant leur écran pour suivre une cérémonie qui, à en croire les journaux étrangers, a tenu ses promesses. « Une chose est sûre : ce spectacle d’ouverture des Jeux olympiques en est un pour l’éternité. Pendant près de quatre heures, Paris (a offert) tout ce qu’il faut pour faire de cette soirée un moment inoubliable », lit-on dans le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Avec sa parade sur la Seine et ses nombreux tableaux mêlant théâtre, danse et musique, la cérémonie a célébré la ville de Paris, son histoire et son art de vivre. De quoi convaincre le journal chinois China Daily, pour qui Paris a réussi à ouvrir ces Jeux « de manière singulièrement romantique » et « certainement de la façon la plus parisienne » : en transformant la Seine en théâtre à ciel ouvert. Cette « superproduction le long de la Seine », pour reprendre les mots de la Gazzetta dello Sport italienne, est d’autant plus impressionnante qu’elle a nécessité des mesures de sécurité « extraordinaires », qui inquiétait la même presse étrangère ces derniers jours.
L’aspect déjanté, parfois kitsch des séquences qui se sont succédé au bord du fleuve parisien, ont suscité l’admiration de nombreux médias. « C’était humide, certaines parties étaient bizarres, la plupart étaient belles et le tout était vraiment, vraiment mémorable », résume la chaîne de télévision américaine CNN. La BBC, qui devait sûrement avoir en tête l’incroyable show des Jeux olympiques de Londres en 2012, a aussi jugé le spectacle « souvent brillamment frénétique et, à d’autres moments, émouvant ». Elle note tout de même l’enchaînement « bizarre » entre le numéro de cabaret de la chanteuse Lady Gaga sur « Mon truc en plumes » – un hommage à la célèbre meneuse de revue Zizi Jeanmaire – et le passage en bateau de la délégation d’athlètes du Bangladesh.
@lexpress Hier soir, la France était heureuse, unie comme elle ne l’avait pas été, probablement, depuis très longtemps, et Paris était à nouveau une gigantesque fête. Nous étions à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques 2024. jo2024 #openingceremony Paris2024 #sinformersurtiktok apprendreavectiktok
La cérémonie la plus arrosée de l’histoire
Tous les journaux ont noté une chose : la pluie torrentielle qui s’est abattue sur Paris pendant la soirée. « Paris émerveille le monde sous le déluge », s’enthousiasme le quotidien espagnol El País, parlant ni plus ni moins de la « cérémonie la plus audacieuse de mémoire d’homme ». Si les gouttes ont dissuadé certains de regarder le spectacle en bord de Seine, elles « n’ont pas empêché le délire » des spectateurs, note le journal argentin Clarín, qui décrit lui aussi une cérémonie « inoubliable » et « en apothéose ». Au final, ce fut peut-être « la cérémonie d’ouverture la plus arrosée de l’histoire des Jeux olympiques » de l’ère moderne, plaisante CNN, tout en reconnaissant que le mauvais temps n’a fait que « tenter » de voler la vedette aux artistes et aux athlètes.
La mise en lumière des plus célèbres monuments de la capitale a captivé les médias étrangers, notamment le « spectacle laser éblouissant qui a illuminé la Tour Eiffel » et a « fait de son mieux pour percer le ciel plombé de Paris », écrit le Telegraph. Pour le Spiegel, l’inclusion de notre patrimoine dans la cérémonie « laissait entrevoir l’ancienne tradition théâtrale de la France, dont la grandeur remonte à la cour de Versailles ». Et d’asséner : « Oui, vraiment : voir grand et montrer sa grandeur, nos voisins savent le faire ». Le journal allemand remarque toutefois que « tout n’était pas en direct » et que « malgré les grands écrans de retransmission dans la ville, il était préférable de s’asseoir devant le téléviseur pour pouvoir s’abandonner complètement aux illusions ».
Une cérémonie politique
Contexte politique oblige, certains ont fait le lien entre ce grand spectacle et le résultat des élections législatives en France, qui ont elles aussi été très discutées à travers la planète. « À un moment de confrontation politique aiguë qui a laissé le pays dans l’impasse, la cérémonie était une invitation à réfléchir à nouveau au sens de la nation et à la possibilité de s’entendre », explique le New York Times, citant la participation controversée de la chanteuse Aya Nakamura, la Française la plus streamée dans le monde, accompagnée par les musiciens de la Garde républicaine.
Pour le Corriere della Sera, « Paris a mis en scène devant le monde une version adoucie, irénique, idéalisée de son histoire. Plus d’Édith Piaf que de Napoléon, plus de Vénus que de Mars, une Marianne noire chantant la Marseillaise… » Un spectacle qui a dépoussiéré le genre jusqu’à brouiller les frontières. Le quotidien italien s’interroge : était-ce une « performance d’art contemporain » ? Une « Gay Pride », en référence au spectacle de drag queens sur la passerelle Debilly ? Un « défilé de mode » ? La cérémonie d’ouverture a en tout cas montré un visage moderne de la France, attaché à la diversité.
Une voix aura suffi à mettre tout le monde d’accord. « Reconnaissable entre mille » depuis le premier étage de la Tour Eiffel, chantant ‘L’Hymne à l’amour’ d’Edith Piaf, « Céline Dion vient mettre un point final, grandiose, à une cérémonie d’ouverture qui l’a été tout autant », conclut le quotidien suisse Le Temps.