Covid-19 : pourquoi le suivi national de l’épidémie sera faussé au début d’année 2023

Entre les laboratoires de biologie et la Caisse nationale d’assurance maladie, rien ne va plus. Estimant « le dialogue bloqué », les premiers ont décidé, à partir du 2 janvier 2023, de ne plus remonter les résultats des tests de dépistage au Covid-19, matière première du suivi de l’épidémie en France. Cette décision, qui se superpose aux nombreuses ruptures de remontée des tests déjà attendues en raison des fêtes de fin d’année, risque de brouiller un peu plus la visibilité en matière de santé publique, alors que l’hôpital fait également face à des épidémies de grippe – très précoce et intense – et de bronchiolite – sur le déclin.

« Les patients pourront continuer à se faire tester dans les laboratoires mais le gouvernement ne recevra aucune remontée de données » dans le fichier national, ont précisé les syndicats, ce samedi 31 décembre, dans un communiqué à l’AFP. « Si cela ne suffit pas, nous envisageons une nouvelle grève nationale sur plusieurs jours et l’arrêt total des actes Covid pour une durée indéterminée », ont-ils ajouté.

Dans le viseur, le budget 2024-2026

Les grévistes estiment que c’est désormais au gouvernement de « prendre ses responsabilités et de ne pas prendre la population en otage ». « C’est un janvier noir pour éviter des années noires », plaident-ils. Les biologistes, qui ont fortement augmenté leurs profits avec les tests Covid, contestent depuis de longues semaines le montant des économies qui leur est demandé en retour ces prochaines années.

Le 27 octobre dernier, les laboratoires avaient déjà suspendu la transmission de résultats de leurs tests de dépistage RT-PCR (tests Covid) au fichier national SI-DEP, rendant plus difficile le suivi de l’évolution de l’épidémie. « Nous poursuivons notre mission de santé publique, sans pénaliser les patients et à titre gracieux, mais sans assurer notre rôle majeur dans le suivi de l’épidémie », précisait à l’époque l’Alliance de la Biologie Médicale (ABM).

Si un compromis semble en vue sur la ponction budgétaire pour l’année 2023, à hauteur de 250 millions d’euros (répartis entre tests Covid et autres examens) comme voulu par le gouvernement, la négociation bloque sur la période 2024-2026.

La Sécurité sociale met pourtant sur la table une enveloppe de 150 millions sur trois ans, pour rembourser des « actes innovants » actuellement réservés aux hôpitaux. Mais sans préciser le montant d’économies attendu sur les autres actes, renvoyé à « la signature d’un protocole pluriannuel avant la fin de premier semestre ».

Or les biologistes ont déjà fixé leur ligne rouge en matière de baisses de tarifs : pas plus de 145 millions d’euros par an. Aller au-delà « conduirait à la fermeture d’au moins 400 laboratoires de proximité (et) à la suppression d’au moins 10 000 emplois qualifiés », affirment-ils.



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