Redressements judiciaires, liquidations : pourquoi l’économie tarnaise donne quelques signaux inquiétants


l’essentiel
Le nombre d’entreprises placées en redressement judiciaire par le tribunal de commerce d’Albi a plus que triplé entre 2021 et 2022, sans toutefois atteindre le niveau pré-Covid de 2019. Sur le ressort de Castres, les procédures de liquidation judiciaire battent des records.

La tendance observée au niveau national se confirme dans le Tarn : le nombre de procédures collectives a connu une nette augmentation en 2022 dans le département selon les données communiquées par les tribunaux de commerce d’Albi et de Castres.

En cause, la fin des mesures de soutien qui avaient été mises en place par l’Etat au plus fort de la crise sanitaire, comme le report des cotisations sociales ou les PGE (prêts garantis par l’Etat), que les entreprises ont désormais du mal à rembourser. Car à cela s’ajoute l’envolée des coûts de l’énergie et des matières premières ainsi que les difficultés de recrutement, notamment dans l’hôtellerie et la restauration.

Sur le ressort du tribunal de commerce d’Albi, 29 entreprises ont été placées en redressement judiciaire en 2022, contre seulement 9 en 2021 et 12 en 2020. Ces années-là, l’activité du tribunal avait connu « un certain endormissement », du fait justement des mesures de soutien de l’Etat, a expliqué son président Gérard Rizzo lors de la traditionnelle audience de rentrée qui s’est déroulée le 26 janvier dernier au palais de justice d’Albi. 

Le président du tribunal de commerce d’Albi Gérard Rizzo et son équipe (juges consulaires, greffier) à l’issue de l’audience solennelle de rentrée le 26 janvier dernier au palais de justice d’Albi.
DDM – C.G

Le nombre de liquidations judiciaires est lui passé de 40 en 2021 à 50 en 2022, sans toutefois atteindre les niveaux enregistrés avant la crise sanitaire (79 en 2019, 97 en 2018).

Parmi les sociétés touchées par ces défaillances, beaucoup viennent des secteurs du commerce et des services, mais aussi de l’industrie, gros pourvoyeur d’emplois, comme FTC à Saint-Juéry ou C.R.M à Blaye-les-Mines.

Les procédures d’injonction de payer, qui « sont souvent le signe de la dégradation de la santé des entreprises » selon Gérard Rizzo, sont elles aussi en hausse : 253 en 2022 contre 182 en 2021 et 167 en 2020.

Le président du tribunal de commerce d’Albi a par ailleurs déploré le manque d’engouement des dirigeants de sociétés pour les procédures de conciliation et les différentes mesures de prévention proposées par le tribunal de commerce, auxquelles les dirigeants ne font appel que trop tardivement, lorsque la situation de leur entreprise est déjà dégradée.

92 liquidations judiciaires à Castres

La tendance est même accentuée dans le sud du Tarn. Le nombre de liquidations judiciaires y est passé de 74 en 2019 à 92 en 2022, tandis que 20 demandes de redressement ont été déposées l’année dernière. « C’est donc souvent trop tard ou des situations irrémédiablement compromises qui sont présentées », a déclaré le nouveau président du tribunal de commerce de Castres, Marc Baillet, lors de l’audience solennelle de rentrée qui s’est tenue lundi 30 janvier. 

« Les motifs de dépôt de bilan sont liés classiquement à la contraction des chiffres d’affaires, à la baisse des marges, mais on observe aussi et ça c’est nouveau : des motifs liés aux tensions de recrutement dans certains métiers comme la restauration », a-t-il ajouté.

Dans le sud du Tarn, on dénombre 17 214 entreprises immatriculées en 2022 soit une petite augmentation (+5,8%), dont 1396 créations pour 1019 radiations (solde positif de 377). « On peut voir le signe d’un certain dynamisme économique même si l’on sait que pour les nouvelles créations, il faut voir dans la durée », nuance Marc Baillet.

De son côté, le procureur de Castres Chérif Chabbi a mentionné 119 ouvertures de procédures collectives, soit 363 salariés concernés. Et des accidents de la vie économique aux lourdes conséquences : « Le choix est parfois cornélien entre une solution liquidative qui sonne le glas des emplois et des créances et le maintien d’un redressement qui porte les germes d’un emballement de la dette. »



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