Assurance chômage : quand le patronat fait la chasse aux faux créateurs d’entreprises

Il y a du rififi au paradis de la start-up nation. Contre toute attente, c’est le patronat qui a mis récemment les pieds dans le plat. Dans la dernière ligne droite de la négociation entre partenaires sociaux sur les nouvelles règles de l’assurance-chômage, le Medef et la CPME ont abattu une carte inattendue pour équilibrer les comptes : serrer la vis sur les dispositifs de soutien à la création d’entreprise. Dans le viseur des organisations de patrons, deux systèmes d’aides – l’Arce et l’ARE – dont l’objectif est d’aider les demandeurs d’emploi à la création ou à la reprise d’une entreprise. Une proposition aussitôt reprise par les syndicats de salariés. Motif invoqué pour justifier ce tour de vis : trop d’abus et un manque criant de contrôle dans l’utilisation réelle des fonds. Des chômeurs, métamorphosés un temps en créateurs de boîte, profiteraient de la générosité du système en conservant leurs aides alors même lorsqu’ils auraient retrouvé un job. Le sujet était sur la table de Pôle emploi depuis des mois mais, jusqu’alors, rien n’avait été tranché.

D’après une récente note de l’Unedic, ces deux aides représenteraient près de 2,8 milliards d’euros versés chaque année sur les fonds de l’assurance-chômage. Selon nos informations, le renforcement des contrôles permettrait de réaliser 70 millions d’euros d’économies dès l’an prochain, et près de 870 millions sur la période 2024-2027.

Si la vérification de la bonne utilisation des fonds publics est justifiée, surtout en cette période de disette budgétaire, le signal envoyé est contestable. Car si le système d’aides à la création d’entreprise est généreux, il porte aussi ses fruits. Au moment même où les partenaires sociaux mettaient le holà, France Stratégie, un institut de recherche rattaché à Matignon, publiait une étude révélant la surperformance de la France dans la création d’entreprise. Entre 2015 et 2022, le nombre de nouvelles pousses a été multiplié par deux, contre un multiple de 1,2 seulement, en moyenne, dans la zone euro. Contre toute attente, ce n’est pas dans les services à la personne ou la restauration que la dynamique entrepreneuriale a été la plus forte mais dans l’industrie. Le coût à payer pour retrouver des usines en France ?



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