« Le cours du blé est baissier et retrouve son niveau d’avant le conflit en Ukraine »


La vague de froid qui glisse sur la France fait chaud au cœur des agriculteurs. Noël et réveillon au balcon, loin des tisons, ont attisé leurs craintes. Dans les champs, la chaleur inhabituelle poussait les feux de la croissance des plantes. Et ce, jusqu’à la mi-janvier. De quoi susciter de la frilosité dans les rangs des céréaliers.

Déjà, pendant tout le mois d’octobre 2022, au moment des semis de blé et d’orge d’hiver, les températures ont été anormalement douces. Des conditions de semis bonnes, voire trop bonnes. Les premières feuilles montraient même leur nez. Or, une pousse trop rapide rend la plante sensible au gel. Heureusement, s’est ensuivie une période froide avec une descente progressive en température, et la nature a, enfin, pu se mettre en dormance.

Ce mercure primesautier donne des sueurs froides aux céréaliers. « L’état des cultures est pour l’instant très bon et très en avance. Nous étions inquiets, mais le froid actuel est une très bonne nouvelle », résume Benoît Piétrement, président du conseil spécialisé dans les grandes cultures de FranceAgriMer et céréalier dans la Marne.

Risque de récession mondiale

Un autre thermomètre est suivi de près par les céréaliers, celui des marchés. Or, il subit également un coup de froid. « Le cours du blé meunier est baissier », affirme Arthur Portier, du cabinet Agritel, avant de préciser : « Il oscille autour de 280 à 285 euros la tonne et retrouve ainsi son niveau d’avant le conflit ukrainien. » A comparer au plus haut historique, à 438 euros la tonne, atteint, mi-mai 2022, en pleine bulle spéculative des matières premières.

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« La prime de risque liée au conflit ukrainien s’efface. Alors que le volume des exportations de grains ukrainiens était tombé à moins d’un million de tonnes par mois, il est revenu à son niveau moyen des cinq dernières années, à près de cinq millions de tonnes par mois », souligne M. Portier. Autres éléments qui concourent à ce retrait du prix du blé : le risque de récession économique mondiale et les incertitudes sur le rythme de reprise du moteur chinois, après la fin de la politique zéro Covid. Sans oublier le renforcement de l’euro face au billet vert.

« Un chiffre jamais atteint »

Les investisseurs soupèsent également les moissons. Or, le blé ne manque pas sur la planète, pour le plus grand profit des populations. « Les estimations de collecte au niveau mondial pour l’année 2022-2023 atteignent 763 millions de tonnes, un chiffre jusqu’alors jamais atteint », affirme Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre de FranceAgriMer.

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